..

Vingt ans qu’Alsaciens et Lorrains attendaient ce train-là… @@

@@@date

Vingt ans qu’Alsaciens et Lorrains attendaient ce train-là… Le TGV ne révolutionne pas le quotidien des agences, mais il recrée une dynamique dans des territoires qui se sentaient quelque peu délaissés.

Strasbourg à 2h20 de Paris, Nancy à 3 heures 40 de Brest, Roissy à une heure de Metz… Les nouveaux horaires donnent encore le vertige aux Lorrains et aux Alsaciens qui naguère se levaient avant l’aube pour monter à la capitale et en rentraient éreintés après au moins sept heures de trajet. La plupart des agences du Grand Est ne boudent pas leur plaisir. Elles escomptent de leur proximité nouvelle avec la capitale un regain de créativité, la possibilité de l’appel à des compétences pointues, l’opportunité de recruter de nouveaux talents et l’occasion d’exporter leurs propres expertises.

Geraldine Giovanniello COSMSe rapprocher de Paris permettra de partager bien davantage l’ébullition artistique, de se connecter aux tendances, aux nouveaux élans.

Géraldine Giovanniello (agence Cosm, 5 salariés à Strasbourg)

Le dialogue avec la capitale pourrait booster des spécialités moins présentes en région telles le web, la communication de crise ou l’événementiel.

De façon plus permanente, le TGV peut constituer une belle opportunité de recruter de nouveaux talents.

Christian Carbonne MaetvaCe seront sans doute moins les jeunes créatifs qui apprécient l’effervescence parisienne que des personnes de la tranche d’âge suivante, en quête d’un autre mode de vie.

Christian Carbonne, responsable du développement de l’alsacien Maetva (70 personnes)

Et comme le TGV circule dans les deux sens, des talents régionaux pourront percer hors de leur fief.

Luc-BuckenmeyerDe nombreux illustrateurs strasbourgeois ont le potentiel de se faire leur place dans des campagnes nationales.

Luc Buckenmeyer, le dirigeant de BKN et président depuis mi-novembre de l’UCCA, l’association alsacienne des agences qui regroupe 19 membres totalisant 300 salariés et plus de 23 millions d’euros de Marge brute

Eurostratège (29 personnes à Strasbourg) a procédé en juin à un échange de personnel et d’idées pendant deux semaines avec une agence parisienne Business.

Jean-Luc-Kopp-EurostrategeIl est temps d’apporter du sang neuf à la création dans notre région.

Jean-Luc Kopp

Jean-Luc Kopp applique volontiers le postulat à sa propre agence dont la créa n’a pas été perçue comme sa marque de fabrique jusqu’à présent. Le « cercle des créatifs », sorte de plate-forme d’échanges entre agences et écoles de design et d’architecture, qu’ initiera début 2008 le « cercle des dir’com du Grand Est », nourrit cette même ambition. Au minimum, le rapprochement avec Paris consolidera le portefeuille national des agences.

Avant, Strasbourg apparaissait comme lointain et on me le faisait savoir.

Géraldine Giovanniello

Rien ne vaut le contact pour la meilleure compréhension possible et un tour de table de mise au point rapide avec plusieurs interlocuteurs. Nous rendons davantage de visite aux clients et recevons plus souvent les annonceurs nationaux dans nos bureaux.

Chantal Ollier, la dirigeante de Contexte Communication (Strasbourg, 6 personnes)

Didier-Bauer-ErelA Paris, nous pouvons caler désormais plusieurs rendez-vous dans la même journée et il devient plus facile de rencontrer un client du Sud dans nos locaux parisiens.

Didier Bauer, directeur d’Erel Conseil, filiale d’AC Communication qui emploie 34 salariés à Metz et réalise de longue date plus de 60 % de son chiffre d’affaires en dehors de la Lorraine

Le TGV peut même ouvrir la voie à des rapprochements plus formalisés. Etudiant depuis deux ans des opportunités de partenariat, Lotus Bleu (34 salariés à Metz), qui gère déjà des budgets nationaux en grande distribution (Bricodépôt, Cuisine +, Sésame), a vu la donne changer.

Pierre-Lang Lotus bleuDorénavant située à 1 h 30 de Paris, l’agence peut constituer le relais régional d’une structure nationale.

Pierre Lang, qui annonce un rapprochement imminent

Quant à l’éventuel envahisseur parisien tenté de conquérir le marché de l’Est devenu plus proche, il ne fait pas du tout trembler les agences sur place. Cette région requiert une proximité de mentalité, peut-être plus que d’autres encore. L’arrogance, la suffisance, cela ne marche pas. La publicité, ici, doit avant tout sentir l’âme de l’annonceur.

Hervé Lesur, l’ancien Parisien installé en Alsace depuis 12 ans, directeur de créa des implantations Est (Strasbourg, Nancy, Metz, Besançon) de Publicis-Koufra

Et pourquoi ne pas se sentir pousser des ailes ?

La rigueur dans la gestion des dossiers et des coûts sans doute moindres peuvent s’ajouter à l’atout nouveau de proximité pour gagner de nouveaux clients nationaux. Un exemple vient déjà du budget Pro & Cie décroché par Publicis-Koufra, en l’occurrence son implantation à Nancy, s’ajoutant à la liste des campagnes nationales (Triumph, Sloogi, Tryba…) de la filiale régionale de Constellation.

Et entre petits, l’union peut aussi faire la force. L’agence messine Novembre de 5 salariés en est convaincue. Elle s’apprête à constituer un GIE avec Prospectiv* à Colmar (10 salariés) afin de prospecter conjointement des clients nationaux basés dans les villes TGV, de Lille à Nantes en passant par Paris ou Reims.

Thierry-Ehrhardt-MetronomeNous valoriserons ainsi nos atouts complémentaires : stratégie et plans médias de notre côté ; créa, multimédia et références agro-alimentaires chez Prospectiv*.

Thierry Ehrhardt, le gérant de Novembre Metz, enthousiasmé par ce challenge

La satisfaction générale s’agrémente néanmoins de certains bémols.

Christian RuppertCe train n’est qu’un outil. Il ne change pas à lui tout seul l’esprit et l’image d’une région. Ce qui importe c’est ce qu’on fait derrière. En matière d’attractivité, une ville comme Lille s’avère infiniment plus animée que Strasbourg.

Christian Ruppert, le dirigeant de Grafiti (23 personnes et 1,5 million de MB) dans la capitale alsacienne

Le messin Pierre Gerval (Speedie Richie Nylon) ne voit « qu’un train plus rapide que les autres, mais plus cher, moins accessible et qui ne changera pas grand’chose à nos métiers ».

Le nancéien Alain Ickowicz (Viva Communication&Design, 10 salariés) a la dent tout aussi dure :

Le TGV ne résoudra malheureusement pas les problèmes de fond de la communication lorraine : un marché déséquilibré où l’institutionnel est largement surreprésenté par rapport aux marchés privés, un manque d’expertise des annonceurs et la difficulté de nos élites à créer une offre réellement attractive.

Alain Ickowicz

Je suis bien content de pouvoir faire l’aller-retour à Paris en une après-midi, mais lorsque je rencontre un client en Bourgogne ou en Rhône-Alpes, je continue à prendre la voiture.

Stéphane Schmitt, directeur de Tema, agence d’édition du groupe de presse ATC, qui emploie 150 salariés à Metz

La structure réalise dorénavant plus de la moitié de son activité hors région, notamment grâce à l’intégration de l’éditeur parisien Edimétiers qui confère à ATC la réalisation d’une trentaine de trimestriels de chambres des métiers. Coïncidence malheureuse, le TGV arrive l’année même où disparaît l’un des piliers de la comm en Lorraine : Lombard & associés, qui employait 20 personnes comptait des références nationales comme Waterman ou Lacoste.

Nombre d’agences à rayonnement national, tel le groupe Novembre depuis 2004, ont installé une structure à Paris sans attendre le TGV. Et le mode de transport ne fait pas tout.

Patrice HeintzSi un illustrateur génial se trouvait dans la Creuse, on irait le chercher, TGV ou pas.

Patrice Heintz (La Compagnie, 10 salariés et 800.000 euros de MB)

Le dirigeant de cette agence strasbourgeoise attend davantage du TGV Rhin-Rhône :

Paris, les uns et les autres y avons pris nos habitudes sans attendre la grande vitesse. Alors que nous avons moins défriché le pôle de Lyon.


--Télécharger l'article en PDF --


Pascale Braun

Scroll To Top