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Renard-Gillard s’allie à la coopérative de Blâmont

La fromagerie rompt son alliance avec Riches-Monts pour ouvrir 42 % de son capital à la coopérative de Meurthe-et-Moselle. Les deux PME entendent conforter leurs positions sur les marchés du brie et du munster AOC.

coopérative de BlâmontLe partenariat entre le fromager meusien Renard-Gillard, de Biencourt-sur-Orge, et Riches-Monts, la filiale fromagère du groupe coopératif messin Sodiaal, a fait long feu. Spécialiste du munster, la coopérative agricole laitière de Blâmont (Meurthe-et-Moselle) vient d’acquérir les 42 % du capital de Renard-Gillard détenus depuis à peine deux ans par Riches-Monts. Ce retournement d’alliance résulte de la crise survenue en juin, lorsque Riches-Monts avait amorcé un rapprochement avec le groupe industriel Lactalis (ex-Besnier) basé à Laval (Mayenne). L’accord entre Renard-Gillard et la filiale messine de Sodiaal visait à conforter la production régionale de brie de Meaux.

Cette perspective nous révoltait, car nous avions justement fait alliance avec Riches-Monts pour contrer Lactalis. Notre société détient 22 % des parts de marché du brie de Meaux AOC, mais nous ne trouvions pas, en Meuse, suffisamment de producteurs de lait pour faire tourner notre outil de production à plein régime. Riches-Monts disposait d’un bassin de 21 millions de litres de lait AOC en Marne et en Seine-et-Marne, mais ne détenait que 10 % du marché. Ensemble, nous pouvions constituer un pôle fort face à Lactalis, qui détient 38 % de ce marché.

Jean-François Renard, PDG de la PME meusienne

Indépendance et spécificité

Renard-Gillard emploie 125 salariés pour 100 millions de francs (15,2 millions d’euros) de chiffre d’affaires en 1999. Dénoncé par la majorité des adhérents de Riches-Monts, le projet de rapprochement avec Lactalis a échoué. Rendu méfiant, Jean-François Renard a repris le contrôle de l’intégralité de ses parts pour les céder à la coopérative de Blâmont, qui regroupe 150 adhérents en Lorraine et produit annuellement 2.200 tonnes de pâte de munster dont 600 tonnes de munster AOC.

Cette alliance illustre la volonté de PME lorraines de préserver leur indépendance et leur spécificité.

Bernard Seignert, PDG de la coopérative agricole laitière de Blâmont qui réalise un chiffre d'affaires de 145 millions de francs (22 millions d'euros)

La coopérative agricole laitière de Blâmont possède une usine à Herbeviller (Meurthe-et-Moselle), un site d’affinage à Lapoutroie (Haut-Rhin) et une filiale, Siffer, implantée à Rosheim (Bas-Rhin). Les deux structures regrouperont leurs forces de vente pour commercialiser conjointement leurs marques respectives : Renard-Gillard, Reine des Prés et Barthélemy pour Renard-Gillard et Val de Weiss pour Blâmont. Isolé, Riches-Monts se trouve dans une mauvaise passe. La coopérative, dont les pertes pourraient atteindre 53 millions de francs cette année, doit annoncer le 18 octobre la suppression de 55 postes à son siège messin, qui emploie 139 salariés. Riches-Monts détient 10 usines, dont un site à Bénestroff, une usine de brie de Meaux à Vigneules (Meuse) et un site de production à Langres (Haute-Marne). Elle réalisait en 1999 un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de francs (274 millions d’euros) avec 1.100 salariés.


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Pascale Braun

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