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« L’Est républicain » confirme son intérêt pour « la Liberté de l’Est »

Journalistes et élus se mobilisent face à cette éventualité. Cette dernière alimente les rumeurs d’un renforcement du groupe Hersant dans « la Voix du Nord ».

Annoncé par Gérard Lignac, PDG de l’Est républicain, lors d’une assemblée générale extraordinaire consacrée à la « modification du périmètre du groupe » le 16 septembre, le probable rachat du quotidien départemental vosgien la Liberté de l’Est s’inscrit dans un scénario connu de longue date. Avec une diffusion de 28.739 exemplaires (chiffres OJD), la Liberté de l’Est concurrence sérieusement son grand rival nancéien (320.000 exemplaires) dans le département des Vosges. Son rachat permettrait de surcroît à Gérard Lignac d’unifier les zones de diffusion respectives de l’Est républicain et des Dernières Nouvelles d’Alsace, qu’il a rachetées pour moitié en 1997.

Sitôt connue, la nouvelle a provoqué des mouvements de grève au sein des deux rédactions. Dans un message de soutien à la Liberté de l’Est, l’intersyndicale de l’Est républicain dénonce une menace de restructuration des deux titres « qui pourrait entraîner la suppression d’au moins 110 emplois tous métiers confondus, aussi bien dans les Vosges qu’à Nancy ».


« Le Républicain lorrain »

La perspective de rachat de la Liberté de l’Est ravive les rivalités entre l’Est républicain et le quotidien messin le Républicain lorrain, présidé par Claude Puhl (qui détient par ailleurs et à titre personnel 35 % des parts de la Liberté de l’Est). Mécontent de voir un titre longtemps convoité tomber dans l’escarcelle de son rival, Claude Puhl laisse entendre qu’il pourrait faire valoir son droit de préemption en rachetant les 65 % de parts restantes, détenues par la Voix du Nord. Cette perspective constitue pour la rédaction de la Liberté de l’Est l’ultime espoir de préserver l’indépendance du titre, mais se heurte à des réalités géographiques et financières. Plutôt que de se lancer dans une gestion périlleuse vers un département où il ne possède aucune implantation, Claude Puhl pourrait être tenté de céder ses participations au prix fort pour nouer des alliances plus stratégiques avec son voisin sarrois Die Saarbrücker Zeitung.

Bien au-delà de l’enjeu régional, le rachat de la Liberté de l’Est pourrait se répercuter de Lille à Lyon. L’éventuel rachat de la Liberté de l’Est par l’Est républicain alimente d’autre part des rumeurs de transactions entre les groupes France-Antilles et Socpresse, sociétés constitutives du groupe Hersant, et le belge Rossel, actionnaire majoritaire de la Voix du Nord.

Actionnaire de Rossel à hauteur de 40 %, la Socpresse pourrait échanger ses parts contre la majorité du capital de la Voix du Nord. Dans cette hypothèse, Jean-Louis Prévost, actuel président du groupe Voix du Nord, serait remplacé par Xavier Ellie, PDG du groupe Progrès. Cette thèse est néanmoins démentie par André Soleau, directeur général de la Voix du Nord. La réponse tombera probablement le 28 septembre, à l’occasion du comité d’entreprise exceptionnel et simultané de tous les titres concernés.


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Pascale Braun

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