..

Les rejets polluants des soudières mobilisent la Moselle

L’Agence de bassin Rhin-Meuse rejette les projets de Solvay et Novacarb qui souhaitent augmenter leur production de carbonate de sodium, moyennant une augmentation des rejets de chlorures dans la Moselle. Les deux soudières affirment jouer leur avenir sur cette autorisation.

MoselleLe comité de bassin Rhin-Meuse, dont l’avis est consultatif, vient de rejeter la demande des soudières meurthe-et-mosellanes de Solvay et de Novacarb d’augmenter leur production de carbonate de sodium de 30 %. Un accroissement présenté comme « stratégique » par les deux industriels, par ailleurs concurrents.

Dans un marché très concurrencé par les mines de carbonate naturel des Etats-Unis, les producteurs européens de carbonate synthétique à base d’ammoniaque ne peuvent résister qu’en intensifiant leur production.

Jean Lamerti, chef du projet Novacarb à Rhodia

Novacarb (400 salariés) souhaite augmenter de 150.000 tonnes une production actuelle de 600.000 tonnes par an, moyennant un investissement de 218 millions de francs. A Dombasle, Solvay (600 salariés) entend pour sa part investir 311 millions de francs pour passer sa production de 700.000 tonnes à 900.000 tonnes. Les deux industriels récusent tout chantage à l’emploi, mais laissent clairement entrevoir un arrêt d’exploitation si leur demande n’obtenait pas l’agrément de la préfecture de région lorraine, puis du conseil supérieur des installations classées. Conscients de l’enjeu environnemental de leur projet, Solvay et Novacarb entendent consacrer respectivement 72 et 138 millions de francs à l’augmentation des capacités de leurs bassins de stockage du chlorure de calcium et assurent que l’augmentation de 30 % de leur production n’engendrera « que » 8 % de rejets supplémentaires dans la Moselle.


40 kg de chlorure par seconde

L’argument ne convainc guère les collectivités locales situées en aval des soudières, à commencer par le conseil général de la Moselle, qui, fait exceptionnel, a boycotté la réunion du 17 mars.

Philippe Leroy UMPNous ne voulons pas la mort des soudières. Nous les avons soutenues pendant des décennies, mais nous ne pouvons accepter l’accroissement de rejets salins dans la Moselle alors que même les eaux exhaures du bassin sidérurgique posent un sérieux problème d’alimentation en eau potable. De plus, il nous paraît nécessaire de consulter nos voisins du Luxembourg, de Sarre et de Rhénanie-Palatinat également concernés par la salinité de la Moselle.

Philippe Leroy, président du conseil général de la Moselle

Sur son parcours français, la Moselle traverse un bassin de population d’un million d’habitants. La rivière est déjà fortement polluée à cause de la présence d’industries papetières en amont, d’industries de transformation fortement consommatrices d’eau et d’une concentration importante de nitrates dans ses affluents.

Les soudières rejettent actuellement 31 kg de chlorure par seconde dans la rivière et leur projet vise à en rejeter 40 kg par seconde. Elles moduleraient ces rejets en les intensifiant en période de forte crue pour parvenir à une augmentation annuelle de 8 % de la concentration de chlorure. Or, en matière d’eau potable, nous ne raisonnons pas en moyenne, mais en pics de pollution, qui s’avéreront forcément plus concentrés.

Guy Lavergne, directeur adjoint de l'Agence de l'eau Rhin-Meuse

Aucune décision n’interviendra avant la fin de l’année. Un délai que les protagonistes du dossier parviendront peut-être à utiliser pour trouver un terrain d’entente.


--Télécharger l'article en PDF --


Pascale Braun

Scroll To Top