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Leroy-Merlin remplace Bauhaus sur l’Actipôle

Au printemps prochain – mais à une date jalousement tenue secrète -, Leroy-Merlin ouvrira sur l’actipôle de Metz, dans les murs de l’ancien magasin Bauhaus. L’enseigne de bricolage allemande a baissé le rideau en septembre dernier après avoir résisté, sept ans durant, à la concurrence frontale de son voisin immédiat, le discounter Brico Dépôt.


Une tentation permanente

Leroy-MerlinL’affrontement de ces enseignes théoriquement destinées au grand public ne laisse pas indifférents les artisans de la construction, souvent tentés  par des achats non déclarés à des prix imbattables.

Nos professions ont tout à gagner à rester fidèle au négoce qui nous garantit des stocks, du choix et de la qualité. Mais il arrive que l’artisan préfère écouler de l’argent liquide en achetant du matériel à bas prix.

Robert Maire, président de la Capeb de Moselle

Tout en assurant ignorer tout de la part de son chiffre d’affaires réalisée grâce aux professionnels,  Brico Dépôt admet ne pas viser uniquement les bricoleurs du dimanche lorsqu’il ouvre à sept heures du matin. Leroy-Merlin affirme pour sa part n’avoir pas encore tranché la question des horaires d’ouverture de son futur point de vente. Tout en conservant les profondeurs de gammes habituelles, l’enseigne veillera à la bonne lisibilité des premiers prix pour s’affirmer face à son rival discounter.

Au sud de l’agglomération, Bricoman, hard-discount qui inclut ostensiblement les professionnels dans sa clientèle, concurrence Castorama depuis son ouverture en octobre 2002. Sur la zone industrielle d’Hauconcourt, Leroy-Merlin et Lapeyre se partagent une clientèle de bricoleurs avertis et de professionnels.

Depuis 1996, nous proposons à nos clients un service installation répertoriant une trentaine d’artisans. Cette offre, unique sur l’agglomération, connaît un succès particulier depuis l’instauration de la TVA à 5,5 % et contribue largement à notre image de marque – sans nous mettre pour autant à l’abri de la concurrence.

Frédéric Aurier, directeur du point de vente

Le négoce garde ses atouts

« Les clients qui vont se fournir chez les hard-discounters ou dans les grandes surfaces sont ceux qui n’ont plus de crédit chez nous », affirment non sans aigreur certains grossistes. Pourtant, même les plus renommés et les mieux achalandés d’entre eux ne peuvent ignorer une concurrence portée par l’air du temps.

Plusieurs facteurs contribuent à l’attrait des prix bas. Sur l’agglomération messine, le prix du foncier a augmenté à tel point que les jeunes ménages économisent à l’extrême sur l’équipement de la maison. Par ailleurs, nous vivons dans une société de consommation où l’on achète beaucoup, quitte à jeter très vite. Mais le professionnalisme garde ses atouts. Nos employés sont des spécialistes formés durant cinq à dix ans et capables de réaliser de véritables expertises. Par ailleurs, nous représentons la puissance des grandes marques et un niveau de garantie que n’offre aucune grande surface.

Benoît Lambert, directeur de la zone Alsace-Moselle de Brossette

Nous assurons le conseil, le service, le choix. Il n’en reste pas moins que nos concurrents peuvent présenter des offres ponctuelles réellement attractives, soutenues par des campagnes de publicité d’envergure. Il s’agit là d’une réflexion permanente pour nos propres services de communication et de marketing.

Michel Franchinat, chef de zone de Point P en Moselle

Même les spécialistes n’échappent pas à la remise en cause par leurs clients.

Professionnels du négoce du bois, nous détenons 250 comptes clients. Menuisiers et agenceurs savent qu’ils trouveront l’intégralité des produits, de la matière première au stratifié en passant par l’aggloméré et le bois massif. Pourtant, il ne se passe pas une journée sans qu’un client nous indique avoir vu moins cher ailleurs ! A chaque fois, nous lui expliquons qu’il ne s’agit ni du même produit, ni du même service.

Marc Kazmierczak, directeur de l’agence messine de Derrey

Présentant un fort pouvoir d’achat, Metz a constitué un laboratoire pour l’ensemble de la grande distribution spécialisée. D’abord intéressés, les artisans sont, dans leur ensemble, revenus chez les grossistes. Ces derniers ont toutes les chances de conserver leur clientèle s’ils continuent à reconnaître les petits artisans.

Robert Maire, persuadé qu’un accueil personnalisé vaudra toujours mieux qu’une distribution anonyme


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Pascale Braun

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