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« Le Républicain lorrain » veut garder son indépendance

Le PDG du « Républicain lorrain », Marguerite Puhl-Demange, vient de décéder. Comptant parmi les derniers quotidiens familiaux de France, le journal affiche la volonté de préserver son indépendance.


« Au revoir Madame »

Marguerite-Puhl-DemangeEn consacrant samedi sa une tout entière et quatre pleines pages à la disparition de son PDG, le Républicain lorrain a rendu hommage à une patronne de presse omniprésente et respectée, personnalité incontournable de la région. Fille de Victor Demange, fondateur du quotidien voici 80 ans, Marguerite Puhl-Demange dirigeait la rédaction depuis 1958 avant de succéder à son père en 1971 à la tête de l’entreprise. « Comme un navire blessé, le Républicain lorrain se sent désemparé », écrit Maurice Padiou, rédacteur en chef, à l’occasion de son édition spéciale.

Si le bilan économique du quotidien s’avère plutôt satisfaisant, la rédaction ne cache pourtant pas certaines interrogations. Lourdement déficitaire en 1994, avec 32 millions de francs (4,9 millions d’euros) de pertes, le quotidien mosellan affichait en 1997 un résultat courant de 31 millions de francs (4,7 millions d’euros). L’exercice 1998 restera bénéficiaire, bien qu’en recul, pour un chiffre d’affaires de 580 millions de francs (88,4 millions d’euros) en progression de 4 %. Isolement. Avec un tirage de 200.000 exemplaires, le Républicain lorrain se trouve en position de quasi-monopole en Moselle.

En revanche, Marguerite Puhl-Delmange n’a pu assouvir son ambition de faire de son journal le quotidien des quatre départements lorrains. Actionnaire à hauteur de 30 % de son principal concurrent, l’Est républicain, jusqu’en 1990, la famille Puhl-Demange s’en est retirée du capital suite à des « déceptions ». En 1997, le rachat par l’Est républicain des Dernières Nouvelles d’Alsace, également convoitées par le Républicain lorrain, a contribué à l’isolement du quotidien mosellan. Pour y faire face, la famille Puhl-Demange a racheté en son nom propre 30 % des parts du quotidien vosgien la Liberté de l’Est, dont la Voix du Nord est le principal actionnaire.

Directeur du Républicain lorrain depuis trois ans, Matthieu Puhl, trente-deux ans, a toujours démenti vigoureusement toute éventualité de rapprochement plus poussé avec le groupe nordiste. De même, les hypothèses d’un rachat de son journal par les groupes allemands Bertelsmann ou Holzbrink, annoncées voici trois ans, sont restées au stade de rumeurs. D’ailleurs, Matthieu Puhl, qui succédera selon toute vraisemblance à sa mère à la tête du Républicain lorrain, réaffirmait récemment sa détermination à maintenir l’indépendance du titre. Le capital de l’entreprise reste à 100 % familial, réparti à stricte égalité entre les familles des deux filles du fondateur : Marguerite Puhl née Demange, et Monique Petitdemange, née Demange. De la cohésion familiale dépendra certainement l’indépendance du Républicain lorrain.


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Pascale Braun

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