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Laboratoire de Bure : le chantier redémarre

Recherche, formation et sécurité : les pendules remises à l’heure

L’agence nationale pour le retraitement des déchets radioactifs (Andra) a mis fin, le 2 décembre dernier, à plus de six mois de silence consécutifs à l’arrêt de son chantier meusien.

L’accident mortel survenu en mai dernier au laboratoire sur l’enfouissement des déchets radioactifs de Bure avait conduit le tribunal des référés de Bar-le-Duc à interrompre les travaux. Ils reprendront au cours du premier trimestre 2003, dans le cadre d’une nouvelle organisation. Selon François Jacq, directeur général de l’Andra, ce contretemps de près d’un an ne compromet pas la remise, prévue fin 2005, du rapport de synthèse qui doit permettre à l’Assemblée nationale de statuer sur la faisabilité technique de l’enfouissement souterrain des déchets hautement radioactifs.

Francois-Jacq BureCertes, l’échéancier initial prévoyait une phase d’expérimentation plus longue. Mais les éléments d’ores et déjà recueillis sur la nature de la roche et l’impact du creusement nous permettent une analyse fine de nature à éclairer le débat.

François Jacq

L’interruption du chantier de Bure n’a pas empêché l’Andra de poursuivre les mesures et analyses sur le matériel rocheux. La réorganisation des expérimentations conduites en parallèle et non plus de manière séquentielle, la concentration des recherches et la récente mobilisation de la communauté scientifique autour des premiers échantillonnages devraient accélérer le mouvement.

Bure constitue un outil précieux pour la recherche fondamentale. Le laboratoire permet une vision grandeur nature du milieu géologique, un retour d’expérience nouveau sur le comportement de la roche par rapport au creusement et une validation de paramètres sur des échelles supérieures à celle de l’éprouvette.

François Jacq, tout en admettant que certaines recherches ne pourront pas être conduites à leur terme

Ainsi, l’impact de la chaleur sur le comportement de la roche ne sera pas étudié d’ici à 2005.


Plancher de fonçage sous haute surveillance

Pour l’heure, l’Andra entend répondre rapidement aux commentaires formulés en mai par l’Inspection du travail, qui avait dénoncé « des manquements graves à la sécurité des salariés ». D’ici au printemps prochain, la réorganisation portera à la fois sur le matériel et sur la formation du personnel. Un nouvel organisme certificateur, l’Apave, prendra la suite du Centre d’études techniques des industries mécaniques (Cetim) pour apporter certaines modifications techniques au plancher de fonçage de cinq niveaux créé pour assurer le creusement des galeries. Ce prototype, dont la construction avait généré un surcoût de 4,5 millions d’euros, fera l’objet d’aménagements, « sans donner lieu à des surcoûts majeurs », affirme Jack-Pierre Piguet, directeur du laboratoire. Ce dernier impute les accidents survenus sur le chantier à un sentiment trompeur de sécurité.

Jack-Pierre-Piguet Bure L’équipement de forage répond aux normes du code du Travail, et non au code minier. Il présente un luxe de précautions techniques qui peuvent générer un effet pervers en atténuant la vigilance.

Jack-Pierre Piguet

Composé de Bouygues, de Vinci et de CDF Ingénierie, le Groupement Fonds Est (GFE) en charge des travaux souterrains ne dispose pas, sur site, d’un Comité d’hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSRCR). L’Andra palliera ce manque en instaurant un comité interentreprise sur les conditions de travail. Une équipe d’assistance à la maîtrise d’ouvrage aura pour mission de suivre le chantier, d’identifier les dysfonctionnements éventuels et de les signaler au GFE. L’Andra n’a imposé au groupement aucune pénalité de retard, mais prévoit un malus en cas de nouvel incident lié à la sécurité.

Lors de l’interruption des travaux, le puits principal atteignait 228 mètres de profondeur et le puits auxiliaire 168 mètres, contre un objectif de 490 mètres pour les deux. Selon l’Andra, l’ouvrage d’un montant de 55 millions d’euros, comportant les deux puits et une galerie transversale, pourrait être achevé courant 2004.


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Pascale Braun

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