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La Moselle développe son vignoble sans modération

La filière viticole mosellane entend doubler la superficie de son vignoble d’ici à 2006. Vins de qualité supérieure, les crus mosellans ne postulent pas encore à l’appellation d’origine contrôlée.

Comptant parmi les plus petits vignobles de France, la filière viticole mosellane doublera sa superficie d’ici à 2004 pour passer sa capacité de production à 500.000 bouteilles à l’horizon 2006, contre 200.000 actuellement. Les 24 viticulteurs – dont la moitié possèdent moins de 1 hectare – ont réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires avoisinant les 5 millions de francs (760.000 euros).

La grande majorité de nos adhérents sont des doubles actifs exerçant une activité parallèle soit dans l’agriculture, soit dans d’autres secteurs. La viticulture constitue un appréciable complément de revenu, car le vin de Moselle se vend facilement et plus cher que certains AOC.

Gilles Lemaire, conseiller viticole à la chambre d'agriculture de la Moselle

La production actuelle trouve l’essentiel de ses débouchés en région, notamment grâce à la charte de qualité Moselle gourmande, qui oblige les restaurateurs signataires à inscrire au moins trois crus locaux à leur carte.

Il n’est pas difficile de commercialiser la production d’un hectare de vignoble auprès de restaurateurs ou d’amis implantés en région parisienne ou dans le sud de la France. En revanche, lorsque vous produisez 30.000 bouteilles par an, vous vous trouvez au milieu du gué. Vous ne les vendez pas si facilement en région, et les quantités sont insuffisantes pour mettre en place une distribution nationale.

Joseph Mansion, un retraité qui exploite 4,5 hectares à Contz-les-Bains

Viticulteur en Champagne, Pascal Oury a créé en 1995 une seconde exploitation de 6 hectares à Marieulles et affirme n’éprouver aucune difficulté à écouler ses quelque 42.000 bouteilles par an à raison de 26 francs la bouteille d’auxerrois, 35 francs pour le pinot noir et 32 francs pour le pinot gris.

Pascal-Oury-portrait vignoble La Champagne compte 15.000 producteurs dont les produits se retrouvent dans le monde entier. Beaucoup moins connu, le vin de Moselle présente une grande marge de progression. Aujourd’hui, je peine à subvenir à la demande, et je compte augmenter ma production de 1 hectare par an.

Pascal Oury

Replantation

Produit à partir de neuf cépages de base dont le pinot blanc, gris et noir, le muller-thurgau et l’auxerrois, les vins secs et légers de Moselle jouissent d’une renommée croissante auprès des connaisseurs. Classés vins de qualité supérieure en France et vins de provenance déterminé de qualité supérieure (VPDQS) au niveau européen, ils obtiennent régulièrement entre 6 et 7 prix nationaux chaque année. Les viticulteurs mosellans ne comptent pas réitérer leur demande d’AOC avant d’avoir fait pleinement fructifier l’extension de leur vignoble.

Jean-Marie Dilligent vignoble Le vin de Moselle souffre d’un handicap historique. Tandis que les Alsaciens plantaient des cépages de qualité, les agriculteurs mosellans se sont contentés jusque dans les années 60 d’un hybride de piètre qualité qui servait essentiellement à désaltérer leurs ouvriers agricoles.

Jean-Marie Dilligent, ancien directeur de la bibliothèque universitaire de Metz, qui a replanté 5 hectares de vignes autour de son château à Vaux

L’universitaire élabore un remarquable blanc champagnisé et entend développer sa production de pinot noir.

Ce vin rouge de Moselle, que les frères Goncourt qualifiaient de bourgogne à l’odeur de vin du Rhin, constitue certainement une carte à jouer pour la filière mosellane.

Jean-Marie Dilligent


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Pascale Braun

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