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La Lorraine s’adapte aux mutations

La région dénonce des statistiques en trompe-l’oeil.

Traditionnellement industrielle, la Lorraine juxtapose différents modèles de capitalisme qui ont chacun connu de lourds revers au cours des deux dernières années. Outre l’écroulement de la mono-industrie des bassins sidérurgique, ferrifère et houiller, la région vit l’interminable déclin du textile vosgien et se ressent encore des déroutes successives de Daewoo, Panasonic ou JVC dans le bassin de Longwy (Meurthe-et-Moselle).

Mosaïque de vallées toutes entières dédiées à leurs activités respectives (textile, bois, ameublement, sous-traitance automobile) et caractérisées par un capitalisme familial, les Vosges peinent à constituer des pôles capables de structurer leur tissu industriel. Le Pays-Haut du bassin de Longwy a vécu, depuis le début des années 2000, des naufrages caractéristiques d’une économie mondialisée dans laquelle les investisseurs étrangers délocalisent la production sitôt les aides publiques épuisées. Les deux bassins d’emploi récusent pourtant l’idée d’une désindustrialisation inéluctable.

Jean-Marc-Fournel-LongwyCertes, de grandes entreprises asiatiques ont quitté le Pays-Haut dans des conditions éprouvantes, mais elles ont néanmoins généré emploi et richesse durant quelques années. Aussi nous ne renonçons nullement à attirer de nouveaux investissements.

Jean-Marc Fournel, premier adjoint au maire de Longwy

La collectivité vient d’engager l’aménagement d’une nouvelle plate-forme industrielle de 50 ha à Mexy pour accueillir d’éventuelles implantations de grande envergure.

Jacques-CherequeIl ne faut pas confondre mutations industrielles et désindustrialisation. Ainsi, à la grande époque de la sidérurgie, les forges de Pompey employaient à elles seules 10.000 personnes. Vingt ans plus tard, une centaine de PME ont généré sur cette même zone un nombre d’emplois équivalent.

Jacques Chérèque, ancien préfet industriel de la Lorraine

Premier département cotonnier et papetier de France, les Vosges ont perdu quelque 5.000 emplois en dix ans dans l’industrie textile. Après une année 2003 caractérisée par trente-deux plans sociaux, principalement dans les tissages et les filatures, le premier trimestre 2004 a été marqué par l’annonce de la fermeture de la papeterie Matussière et Forest (200 emplois à Ramberviller).

En dépit de la fermeture de Matussière, la filière papetière se porte bien. De même, l’année 2003 s’est traduite par une progression de 2 % des offres d’emploi et par un recul du chômage de longue durée en dépit des nombreuses fermetures. L’industriel vosgien est taiseux et préfère souvent passer ses investissements sous silence, alors même que nous comptabilisons aujourd’hui une quinzaine de projets de création ou d’expansion représentant 114 millions d’euros d’investissement et 250 créations d’emplois dans le département.

une conseillère du Comité d'aménagement, de promotion et d'aménagement de Vosges (Capev)

L’organisme concentre ses efforts sur la synergie entre le tissu industriel existant et les pôles de recherche-développement susceptibles de le conforter.

La désindustrialisation est un trompe-l’oeil : les plans sociaux, très médiatisés, n’ont représenté l’an dernier que 15 % des emplois perdus dans le département. L’essentiel de l’hémorragie se situe dans les petites entreprises. Certaines statistiques contribuent à fausser les données. Ainsi, le travail intérimaire est comptabilisé dans l’emploi tertiaire, alors qu’il correspond souvent à des contrats précaires dans la sous-traitance automobile, l’agroalimentaire ou le textile. L’industrie vosgienne perdure, mais nous manquons tous de données fiables pour mieux la conforter. De même, les statistiques ne reflètent pas toujours la réalité des mutations économiques.

Pascal Févotte, secrétaire de l'union départementale CGT des Vosges


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Pascale Braun

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