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La filière textile vosgienne tente de résister à la crise

Six liquidations et redressements judiciaires d’entreprises ont conduit à 221 licenciements en deux mois. Assurant la moitié de la production nationale, le textile vosgien espère se maintenir en modernisant son outil de production.

Les premiers mois de l’an 2000 se traduisent par une hécatombe dans le textile vosgien. Entérinée le 22 février, la reprise par Alain Thirion de la filature DMC de Saint-Nabord se traduira par 76 licenciements sur un total de 270 emplois. Le tribunal de commerce de Saint-Dié a prononcé la liquidation de Scareder, spécialiste du tricotage et de la maille, qui employait 78 salariés à Saint-Dié. Victimes des revirements de leurs principaux donneurs d’ordres, les confections de Salm et Eyzo Production ont été liquidées, supprimant 28 emplois à Bruyères. Tous deux placés en redressement judiciaire, la teinturerie Duhen – 37 salariés à Remiremont – et le façonnier Perrin France Confection – 160 salariés à Vagney – bénéficient d’un sursis.

Les Vosges, qui assuraient voici dix ans 30 % de la production nationale de textile, en fournissent aujourd’hui la moitié. Le secteur souffre, mais le département compte des entreprises performantes qui ne cessent d’investir et d’innover pour résister.

Jean-Claude Strohl, secrétaire général du Syndicat du textile de l'Est qui regroupe 50 adhérents employant 5.000 salariés pour un chiffre d'affaires évalué à 6 milliards de francs (910 millions d'euros) en 1999

Producteur, donneur d’ordres et distributeur, Linvosges a annoncé courant janvier un investissement de 30 millions de francs (4,57 millions d’euros) et la création de 20 emplois à Gérardmer. Les ennoblisseurs Crouvezier et Dorridant, le filateur de draps de lit François Hans à Gérardmer, le spécialiste des fils techniques Shappe à La Croix-aux-Mines et le fabricant de textile à usage médical Innoterra à Nomexy figurent parmi les fleurons d’une filière bien décidée à se maintenir.


Contrer le déclin

Yves-DubiefPénalisés par le coût de la main-d’oeuvre en France, les confectionneurs peinent à rester compétitifs face à leurs concurrents des pays de l’Est, du Maghreb ou d’Asie du Sud-Est. En amont de la filière, les industries de filature, de textile et d’ennoblissement tirent leur épingle du jeu.

Yves Dubief, président de la chambre de commerce et d'industrie d'Epinal et PDG de Tenthorey

Créée à Epinal en 1906, cette PME est spécialisée dans le tissu écru pour linge de maison. Tenthorey, qui emploie 230 salariés, réalise un chiffre d’affaires de 290 millions de francs (44,21 millions d’euros) dont 40 % à l’export. Elle investira cette année 35 millions de francs (5,34 millions d’euros) dans un nouveau métier à tisser.

Les façonniers tentent également de contrer le déclin. Créée en 1950 à Raon-l’Etape, la maison Claude Bauer, qui élabore des collections de prêt-à-porter moyen et haut de gamme à sa marque et à façon, a délocalisé 60 % de la production en Bulgarie, les 40 % restants provenant d’ateliers implantés dans les Vosges, le Gard, la Vendée et la Loire.

Nous parvenons ainsi à un rapport qualité-prix acceptable tout en maintenant un savoir-faire en France. En outre, les ateliers implantés en France permettent une bien meilleure réactivité.

Claude Bauer, PDG de la société qui réalise un chiffre d'affaires de 50 millions de francs

Cette stratégie de délocalisation a été reprise, en toute discrétion, par une demi-douzaine de confectionneurs vosgiens.


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Pascale Braun

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