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Eric Verbrugghe, directeur de la cimenterie Vicat de Xeuilley (Meurthe-et-Moselle)

« Notre nouvelle cheminée limitera les nuisances durant les 40 prochaines années »

Vous avez remplacé en avril dernier la cheminée de votre cimenterie, qui mesurait 58 mètres de haut, par un nouvel équipement de 90 mètres de hauteur. Pourquoi ?

Eric-Verbrugghe-VicatPour limiter l’impact des émissions des fumées et des poussières lorsque les vents dominants soufflent en direction des 4 000 habitants des villages alentour. Nous avons fait appel au bureau d’études montpelliérain F2E pour étudier la dispersion des fumées en fonction de la hauteur de la cheminée. Les statistiques ont démontré qu’avec notre ancienne installation, aucune émission de souffre ou d’azote n’atteignait un coefficient de danger. Mais une cheminée relevée de trente mètres divise les nuisances jusqu’à un facteur deux – sachant que le soufre et les poussières détectées aux alentours de Xeuilley n’émanent pas toujours de la cimenterie. Nous avons donc opté pour une cheminée Stillcon de 90 mètres, qui a été acheminée du Danemark en 5 tronçons. Cet équipement de 130 tonnes représente un investissement d’1,2 million d’euros, soit un surcoût de 400 000 euros par rapport à une installation de moindre hauteur.

Est-ce la pression des riverains qui vous a incité à aller au-delà des obligations légales ?

Non. Nous avons présenté nos mesures et nos projets aux riverains, qui les ont bien accueillis. Mais notre souci consistait surtout à ancrer durablement notre activité dans le paysage. Créée en 1880, la cimenterie, qui a employé jusqu’à 300 salariés, a toujours constitué le moteur économique de la région de Xeuilley. Le surcoût lié à la nouvelle cheminée nous assure une production respectueuse de l’environnement durant les 40 prochaines années. Cet effort s’inscrit dans la continuité des quelque 8 millions d’euros que nous avons consacrés dans les dix dernières années à la filtration, au dépoussiérage, à l’analyse des gaz en continu… Ces travaux environnementaux s’ajoutent aux 4,5 millions d’euros investis dans des équipements nous permettant d’incinérer des combustibles de substitution.

Dans quelle mesure êtes-vous parvenu à diversifier vos combustibles ?

Au cours des dernières années, notre production a progressé de 5 % pour atteindre 550 000 tonnes de ciment et 65 000 tonnes de liant routier, tandis que notre consommation de combustibles à effet de serre passait de 250 à 200 kilos par tonne produite. En 2003, nous avons lourdement investi dans l’étanchéité de nos équipements afin d’incinérer de la biomasse – farines animales, sciures imprégnées issues de nettoyage industriel -, ainsi que des déchets solides broyés, des solvants et des liquides huilés. Aujourd’hui, nous utilisons 20 % de combustibles de substitution et sommes équipés pour en utiliser d’avantage.


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Pascale Braun

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