Le nord de la Lorraine se trouve jonché de déchets professionnels ou ménagers importés par des frontaliers. Le problème suscite des coopérations nouvelles entre services de l’Etat et collectivités français et luxembourgeois.
Déchetteries débordantes de gravats provenant de petits chantiers luxembourgeois, travailleurs frontaliers déposant discrètement des sacs-poubelles « importés » dans les points de collecte du nord lorrain, déchets plus ou moins toxiques que des réseaux organisés déversent par tonnes dans les friches sidérurgiques…
Pour contrer le problème récurrent et croissant des déchets transfrontaliers, le groupement européen de coopération territoriale (GECT) Alzette-Belval a réuni les services des douanes, de police et de gendarmerie français et luxembourgeois, le ministère de l’Environnement, les pôles nationaux de transferts transfrontaliers des deux pays et la communauté de communes du Pays-Haut Val d’Alzette dans un groupe de travail commun.
Appât du gain
L’Administration de l’environnement luxembourgeoise est à nos côtés depuis le début, mais elle manque de moyens pour surveiller les déplacements transfrontaliers et il est difficile de remonter à l’origine d’un déchet retrouvé en pleine nature. De plus, la frontière renforce le sentiment d’impunité.
Dorothée Habay-Lê, directrice du GECT
A l’incivisme s’ajoute l’appât du gain, le Luxembourg imposant à ses ressortissants des taxes sur le traitement des déchets professionnels et des ordures ménagères. Depuis le début de l’année, les opérations coup de poing coordonnées par les douanes et les contrôles sporadiques ont permis d’intercepter 50 tonnes de déchets, contre 42 en 2020 – année particulière où les contrôles ont été focalisés sur les problèmes sanitaires.
Manière forte
Pour contrer les files de camionnettes qui, dès le vendredi soir, saturaient sa déchetterie intercommunale, la collectivité a interdit les utilitaires immatriculés au Luxembourg – pourtant souvent conduits par des Français. Elle s’apprête à recruter deux policiers intercommunaux pour surveiller l’accès à la déchetterie et les points d’apports volontaires déjà placés sous caméras.
La lutte contre les décharges sauvages reste du ressort des communes. Audun-le-Tiche a choisi la manière forte : depuis son élection, la municipalité a déposé 15 plaintes en gendarmerie, systématiquement doublées d’une amende administrative de 1.500 euros. Mais il arrive que les poursuites ne suffisent pas. Dans la ville voisine de Redange, 200 tonnes de déchets ont été découvertes dans une carrière. Les auteurs – des professionnels belges du recyclage – ont été identifiés et poursuivis par le parquet de Lille, mais ils se sont évaporés dans la nature. Les déchets, eux, sont restés sur place.
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