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Au Luxembourg, l’OBGL sonde le sexisme invisible

En mars dernier, la première enquête lancée par le département Egalité du syndicat luxembourgeois a révélé que 46 % des femmes interrogées ont été victimes de  sexisme ou de  harcèlement sexuel.

Fin 2021, OGBL Equality, département dédié à l’égalité femmes-homme au sein du premier syndicat du Grand-Duché, a saisi l’opportunité de la « Orange Week », journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes et des filles, pour lancer un sondage inédit sur le sexisme et le harcèlement sexuel au travail. Présentés le 8 mars dernier, les résultats de l’enquête menée auprès de 684 adhérentes ont fait grand bruit. Près de la moitié des femmes interrogées estiment avoir été victimes de sexisme et 44 % d’entre elles disent en avoir été témoins. Le harcèlement sexuel concerne 19 % des sondées.

Nous avons voulu cerner le sexisme immergé, qui se pratique par petites touche et que l’on ne voit pas. Nous attendions à un chiffre important, mais pas à ce point. Pour mesurer l’évolution du phénomène, nous allons relancer la même enquête en fin d’année pour en publier les résultats en mars prochain.

Manon Meiresonne, secrétaire centrale adjointe pour l’Education et Sciences à l’OGBL

Tous les secteurs sont concernés

Le sondage révèle un sexisme omniprésent et sournois, que les femmes elles-mêmes ne perçoivent pas toujours comme tel. Mais 41 % d’entre elles estiment avoir été freinées dans leur évolution de carrière, 21 % ont eu droit à des blagues sur leur tenue vestimentaire, leur statut parental ou leur menstruations et 11 % ont été touchées sans leur consentement. Dans 62 % des cas, le supérieur hiérarchique fait partie des auteurs. Les collègues sont impliqués dans 55 % des cas, contre 27 % pour les clients et prestataires et 3 % pour les subordonnés.

Le phénomène est perceptible dans tous les secteurs d’activité, à des degrés différents. Les métiers de la santé sont concernés à 26 %, contre 11 % dans l’éducation et les sciences, 11 % dans les assurances et 8 % dans le commerce. L’OGBL admet  des biais d’interprétation, le sondage était également représentatif de sa propre implantation dans ces différents secteurs.

Actions positives

La ministre de l’Egalité Taina Bofferding, qui a reçu les membres du syndicat suite à l’enquête, mise sur le programme de bonnes pratiques « Actions Positives » pour atténuer le phénomène. Une centaine d’entreprises se sont inscrites dans ce plan d’action volontaire. « Ce programme renforce le rôle des délégué.es à l’égalité, dont le rôle n’est pas encore suffisamment affirmé », estime Manon Meiresonne. L’enquête d’OBGBL Equality pointe en effet un grand isolement des victimes du sexisme. Seules 8 % d’entre elles estimes que lorsqu’elles ont informé leur employeur, des mesures de protection ont été mises en place.


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Pascale Braun

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