Le Comité économique et social du site devrait se prononcer jeudi en faveur du projet de reprise par Ineos, ouvrant la voie à une signature du contrat d’ici quelques semaines. Le pétrochimiste britannique y assemblerait son nouveau 4×4 le Grenadier, et sous-traiterait des composants pour le compte de Daimler, un projet qui ne laisserait que 150 salariés sur le carreau après 2024, selon Bercy.
Il n’y a désormais plus guère de doute : c’est bien le pétrochimiste britannique Ineos qui rachètera à Daimler l’usine Smart de Hambach (Moselle). Seul projet en lice, cette cession devrait recueillir l’approbation du Comité économique et social (CSE) ce jeudi, en dépit des craintes et de la colère exprimées depuis l’annonce, en juillet dernier, du retrait de Daimler .
La perspective d’assembler un nouveau 4×4, le Grenadier , dans une usine fraîchement reconfigurée au terme d’un investissement de 500 millions d’euros, semble constituer la seule chance de préserver tout ou partie des 1.500 emplois du site mosellan. « L’arrivée d’Ineos Automotive, forte d’un investissement propre, a le mérite – et non le moindre – de sauvegarder les emplois du site, même si une partie d’entre eux resteront tributaires des commandes de Daimler », explique l’intersyndicale.
Nouveau venu dans la construction automobile, Ineos prévoit de fabriquer entre 25.000 et 30.000 Grenadier en rythme de croisière à horizon 2025. Ce qui permettrait d’employer alors environ 1.000 salariés, estime Bercy, s’appuyant sur l’expertise commandée au cabinet Roland Berger.
Selon ce rapport, ce projet tient la route. Il s’agit d’un véhicule de niche à usage essentiellement professionnel, pour lequel il y a un marché.
Source du ministère de l'Industrie
Pas de garantie au-delà de 2026
Plus réservés, les représentants du CSE voient dans ce SUV thermique fortement émetteur de CO2 un modèle qu’il sera difficile de vendre au cours de la deuxième moitié de la décennie. Ineos évoque certes l’hypothèse d’un Grenadier de deuxième génération en version hydrogène, mais cette perspective paraît trop lointaine pour rassurer. Un engagement plus poussé de Daimler dans le projet d’Ineos – par exemple, à la faveur d’une joint-venture sur les motorisations à hydrogène -, aurait réamorcé la confiance dans l’Est mosellan, où ont émergé de multiples projets novateurs en matière d’hydrogène.
Les promesses de Daimler, qui s’engage à maintenir la Smart à Hambach jusqu’en 2024 et à y faire sous-traiter une partie des activités de son site allemand de Rastatt (dans un premier temps, la face avant de la Mercedes GLA), ne convainquent de même que modérément les salariés.
Nous ne voyons aucune véritable garantie sur l’emploi, ni au-delà de 2026, ni même auparavant. Et sur le plan social qui s’annonce, Daimler pourrait faire beaucoup mieux.
Ralph Blindauer, avocat du CSE
150 salariés sans solution
Selon les simulations de Roland Berger, l’emploi baisserait légèrement dans un premier temps, repasserait à 1.900 postes en 2024 avec la montée en puissance du Grenadier, puis chuterait de 500 postes avec l’arrêt de la Smart. Le cabinet 3 E Consultants, mandaté par le CSE, n’exclut pas l’hypothèse d’une production qui, même avec deux employeurs, ne suffirait pas à occuper l’ensemble des 1.500 salariés du site.
Dans ce cas, les 90 millions d’euros provisionnés par Daimler pour financer les éventuels plans sociaux risquent de ne pas suffire à satisfaire les salariés, qui demandent une indemnisation à hauteur de 8.000 euros par année d’ancienneté. Les dispositifs de reclassement ou d’indemnisation envisagés par la direction seront ouverts aux 900 salariés de Daimler et aux 400 des 600 salariés de sous-traitants ayant signé en 2019 une clause de mobilité garantissant leur intégration au groupe Daimler. Mais les quelque 200 non-signataires demeurent à ce jour les grands oubliés des négociations qui s’annoncent.
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